Le film qui raconte comment EDF est devenue pionnière du démantèlement nucléaire

EDF a bien compris que son avenir industriel dans le secteur nucléaire repose non seulement sur son savoir-faire dans le lancement de nouveaux programmes, mais aussi sur sa capacité à démanteler en totale sûreté les centrales mises à l’arrêt pour cause de vétusté. Et pour en convaincre ses clients et partenaires, rien de tel qu’une démonstration par l’exemple. 

Produisez-nous un film sans tournage, svp

Lorsqu’en mars 2016 EDF appelle Ah ! Production, qui fait partie des prestataires audiovisuels avec lesquels l’électricien français a établi un contrat-cadre, c’est comme d’habitude dans la perspective de lui commander un film. Mais cette fois, le brief sort un peu de l’ordinaire. Il s’agit de montrer l’expertise d’EDF en matière de démantèlement d’une centrale nucléaire – en l’occurrence la tranche A de la centrale de Chooz, mise en service en 1967 et à l’arrêt depuis 1991 – sans qu’il soit possible d’envisager un tournage. Le défi consiste à trouver un moyen créatif de réaliser un film en exploitant les images existantes, dont la plupart proviennent des archives de l’INA. Une gageure.

Prononcez « chaud »

EDF envoie tous les éléments en sa possession sur la centrale de Chooz (le z est muet) : coupures de presse, reportages télévisés, photos, présentations internes, schémas.  L’ensemble donne un aperçu historique de l’un des tout premiers réacteurs nucléaires civils mis en service en France. Les documents montrent la naissance du projet dans les Ardennes, à proximité de la Meuse ; comment la montagne fût creusée dans le but d’accueillir les énormes équipements de la centrale : réacteur, générateur, piscines, ascenseurs, salles de contrôle, kilomètres de tuyauteries et de câbles. Ils illustrent la gloire de ce site industriel hors du commun qui servira de pilote pour la cinquantaine de réacteurs à eau pressurisée (REP) construits par la suite en France. Ils commentent l’arrêt définitif de son activité, puis détaillent le long et minutieux travail de démantèlement qui a suivi. 24 ans de bons et loyaux services, 25 ans de démantèlement sous haute surveillance. Un demi-siècle d’aventure énergétique.

La solution est dans le script

EDF ne sait pas trop comment cette masse de documents disparates pourrait permettre de démontrer son savoir-faire en matière de démantèlement. Ah ! Production non plus, mais  suggère intelligemment d’organiser à Chooz une rencontre entre le responsable des opérations de démantèlement et son scénariste préféré, alias bibi. À charge pour moi de recueillir suffisamment d’informations pour rédiger un scénario aux petits oignons. Le temps d’organiser le rendez-vous – on ne visite pas une centrale nucléaire comme un moulin –, me voilà donc en combinaison descendant dans les entrailles de Chooz A et parcourant le labyrinthe de ses installations en cours de démontage, traitement et évacuation. Immergé dans ce décor industriel vintage qui me fait penser au centre de recherche atomique de Sbrodj imaginé par Hergé pour Objectif Lune, il me vient une idée : personnifier Chooz A et lui donner la parole, sous forme de voix off, pour que le site raconte sa propre histoire. De retour devant mon ordinateur, je rédige un texte à la première personne que je soumets au réalisateur. Emballé, il l’accompagne d’une note d’intention expliquant comment les archives d’EDF pourront parfaitement venir illustrer cette narration intime. Ah ! Production et EDF sont séduites. Il ne reste plus qu’à peaufiner les détails du script, enregistrer la voix et faire le montage.

Résultat :

Une vidéo de 4 minutes qui, ma foi, fait plutôt bien le job. Ne trouvez-vous pas ?

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